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VIH – Sida

De quoi s’agit-il ?
Le terme sida est un « acronyme », mot formé des initiales des quatre mots de sa définition : Syndrome de l’Immuno-Déficience Acquise, abrégé en SIDA puis au fil du temps écrit Sida puis sida.

C’est une maladie infectieuse au cours de laquelle certains globules blancs, les lymphocytes T CD4 +, couramment appelés les  « CD4 » ou « T4 », qui sont les coordinateurs de nos défenses immunitaires (comme les généraux dans une armée) sont progressivement décimés par un virus, le Virus de l’Immuno-déficience Humaine, appelé VIH -autre acronyme- ou HIV, sa traduction en anglais.

Que se passe t-il ?
Habituellement peu nombreux, entre 500 et 1000 par mm3 de sang, les CD4 sont infectés et détruits par le VIH. Le corps se défend en fabriquant des anticorps anti-VIH (qui sont recherchés lors du test de dépistage), en mobilisant l’ensemble des défenses immunitaires (les autres globules blancs) et en augmentant la production de nouveaux lymphocytes CD4 par la moelle des os. Cette lutte interne et permanente permet de maintenir des CD4 au-dessus de 200 par mm3 pendant de nombreuses années, en moyenne 7 à 8 ans, parfois beaucoup moins (quelques mois) parfois bien davantage (20 années et plus). En dessous de 200 CD4 par mm3 de sang, les défenses immunitaires ne contrôlent plus certains microbes, parasites, cancers qui profitent de l’opportunité de cette baisse des défenses pour se développer. Ce sont de nombreuses maladies (25) dites opportunistes qui peuvent survenir : pneumocystose pulmonairetoxoplasmose cérébralecandidose oesophagiennemaladie de Kaposituberculoselymphomes (cancers du sang) pour les plus fréquentes.

D’où vient cette maladie ?
La maladie sida a été identifiée en 1981 aux USA, à l’époque seul pays doté d’un système de surveillance de santé publique efficace, devant l’apparition d’un grand nombre de pneumocystoses pulmonaires et de maladies de Kaposi, chez des homosexuels à partenaires multiples, puis chez des toxicomanes et des personnes transfusées. Cependant, l’alerte avait été donnée dès la fin des années 1970 par des médecins Belges au Zaïre devant l’émergence de cryptococcoses méningées mortelles, provoquées par le Sida.
Le VIH a été isolé et découvert en 1983 à l’Institut Pasteur de Paris (Equipe de Luc Montagnier, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel 2009 de Médecine et Jean-Luc Chermann chez un malade suivi par le Dr Willy Rozenbaum) et les premiers tests de dépistage des anticorps anti-VIH développés à partir de 1984. Deux familles de virus différents provoquent cette maladie : la famille des VIH-1 nous vient du chimpanzé en majorité, certains provenant du gorille, la famille des VIH-2 nous venant d’un autre singe, le mangabey.
Ces différents virus sont passés de leurs espèces animales d’origine à l’homme lors du dépeçage de singes destinés à l’alimentation humaine. Nous connaissons d’autres microbes qui se transmettent à l’homme par ce moyen : la grippe aviaire H5N1 ou la grippe porcine H1N1, le SRAS, le virus Ebola…
Longtemps rares, ces virus ont diffusé progressivement dans le monde entier par les rapports sexuels non protégés, le partage de matériel entre usagers de drogues et, dans les pays pauvres, par la réutilisation de matériel médical non stérilisé. Les cas les plus anciens, retrouvés rétrospectivement, montrent la présence de VIH en Europe dès le début des années 1960. Actuellement, environ 40 millions de personnes vivent avec ce virus, dont 160 000 en France, auxquelles s’ajoutent 20 millions de personnes qui en sont mortes depuis 1981. Cette maladie concerne 0,5 % de la population Française mais environ 20 % à 25% des hommes homo et bisexuels en sont porteurs en France. Ce n’est pas vraiment une maladie rare. 6000 à 8000 nouvelles infections à VIH sont dépistées en France chaque année.

Signes et symptômes
L’incubation est de 2 à 90 jours, les anticorps anti-VIH (sérologie VIH positive) apparaissent pendant ce délai. Les symptômes sont fréquents (plus de 50 %) mais peu spécifiques : fièvre à 38-39°C pendant quelques jours, maux de tête, douleurs musculaires, éruption cutanée, fatigue. Puis plus rien pendant de nombreuses années jusqu’à l’apparition d’une infection opportuniste grave si un traitement anti-VIH n’est pas débuté à temps. Actuellement, il est recommandé de débuter un traitement chez toutes les personnes infectées par le VIH et ce, d’autant plus rapidement que leurs CD4 sont bas. Les traitements anti-VIH permettent d’une part de stopper la multiplication du VIH et d’autre part la remontée lente des CD4 mais ne permettent pas d’éliminer le VIH. Certains VIH sont résistants aux traitements actuels, ils sont parfois très différents les uns des autres, autant que nous-mêmes et notre capacité à lutter efficacement contre lui.

Evolution

L’infection à VIH n’est pas une affection bénigne et si des traitements efficaces suivis scrupuleusement peuvent permettre de vivre en bonne santé pendant des dizaines d’années, ce n’est pas toujours simple au quotidien. Le sida est devenu la première cause de mort par maladie infectieuse dans le monde, devant le paludisme et l’hépatite B.

Transmission
Le VIH est présent dans le sang, le sperme, le liquide pré-séminal, les sécrétions vaginales, le lait maternel et les sécrétions rectales. La quantité de VIH dans les liquides sexuels est comparable, à un facteur 10 près (supérieur ou inférieur) à celle dans le sang. Le VIH peut être transmis en cas de contact entre l’un des 6 liquides cités précédemment et une muqueuse, le plus souvent à l’occasion d’un rapport sexuel non protégé anal, vaginal ou oral (et lors de l’allaitement maternel) ou d’un partage de seringue, de matériel d’injection ou de sniff en cas d’usage de drogue, de partage de matériel sexuel (godes, gants en cas de fist, sondes urinaires et tous objets pouvant se prêter à un jeu sexuel).

L’usage systématique des préservatifs évite la transmission du VIH et autres IST lors des rapports sexuels. C’est un apprentissage –ou un réapprentissage- et un effort urgent et vital pour tous !

Un traitement anti-VIH bien suivi rend le virus indétectable dans le sang et diminue considérablement le risque de transmission du VIH (mais pas des autres IST).

Examens de dépistage
Le diagnostic repose sur la recherche des anticorps anti-VIH par la méthode ELISA sur une prise de sang, gratuite dans les CDAG, remboursée à 100 % en laboratoire d’analyses biologiques sur prescription médicale, 6 semaines après le dernier risque de contamination. Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) vendus en pharmacie sont parfaitement fiables mais nécessitent un délai un peu plus long de 3 mois pour être sûrs.

Traitement

Le traitement actuel, en cas de baisse des CD4 repose sur l’association de 2, 3, 4 (parfois davantage) médicaments anti-VIH pour en stopper la multiplication, tous les jours, pour l’instant… à vie ! Ces médicaments sont encore imparfaits, en termes d’efficacité comme de tolérance. Il n’existe pas de vaccin, ni préventif ni curatif en 2020. Ces médicaments sont coûteux (environ 1000 € par mois de traitement) et il faut le prendre en considération.

Prévention
Usage systématique de préservatifs et de gel lubrifiant à base d’eau lors des rapports sexuels, matériel à usage personnel et unique pour les usagers de drogue par voie nasale ou intraveineuse, test de dépistage du VIH régulier auprès de son médecin traitant, d’un CeGIDD [Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic], d’une association proposant des TROD, abstinence temporaire, monogamie exclusive et partagée, discussion en cas de partenaire occasionnel, PreP (mais gare à la toxicité que les préservatifs n’ont pas !), TPE en cas d’échec de prévention : tous les outils pour se protéger du VIH doivent être utilisés ! Eviter de se contaminer pour ceux qui en sont indemnes, éviter de se recontaminer pour ceux qui en sont porteurs par des VIH résistants ou plus agressifs, éviter de le transmettre, se respecter et respecter l’autre, préserver sa santé en général mais aussi son travail, ses relations amicales, affectives pour mieux lutter contre ce virus. Solidarité, Soutien, Discussions et Sexe Sans Risques pour une meilleure Santé !

Fiche réalisée par :

Antonio Alexandre
Directeur National Prévention

Dr Jean Derouineau
Institut Alfred Fournier, Paris
www.institutfournier.org